Page:Poe - Histoires extraordinaires (1869).djvu/478

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ne peut pas être celui de Marie. Réduire cet intervalle à la dimension la plus petite possible devient tout d’abord chose capitale pour l’argumentateur. Dans la recherche inconsidérée de ce but, il se précipite tout d’abord dans la pure supposition. « C’est une folie, — dit-il, — de supposer que le meurtre, si un meurtre a été commis sur cette personne, ait pu être consommé assez vite pour permettre aux meurtriers de jeter le corps dans la rivière avant minuit. » Nous demandons tout de suite, et très-naturellement, pourquoi. Pourquoi est-ce une folie de supposer que le meurtre a été commis cinq minutes après que la jeune fille a quitté le domicile de sa mère ? Pourquoi est-ce une folie de supposer que le meurtre a été commis à un moment quelconque de la journée ? Il s’est commis des assassinats à toutes les heures. Mais, que le meurtre ait eu lieu à un moment quelconque entre neuf heures du matin, dimanche, et minuit moins un quart, il serait toujours resté bien assez de temps pour jeter le cadavre dans la rivière avant minuit. Cette supposition se réduit donc à cela : que le meurtre n’a pas été commis le dimanche ; et, si nous permettons à l’Étoile de supposer cela, nous pouvons lui accorder toutes les libertés possibles. On peut imaginer que le paragraphe commençant par « C’est une folie de supposer que le meurtre, etc., » quoiqu’il ait été imprimé sous cette forme par l’Étoile, avait été réellement conçu dans le cerveau du rédacteur sous cette autre forme : « C’est une folie de supposer que le meurtre, si un meurtre a