Page:Poe - Histoires extraordinaires (1869).djvu/523

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autour du cou, et a ainsi traîné sa victime jusqu’au bord de la rivière. Que cette bande, dont le mérite était d’être immédiatement à portée de sa main, mais qui ne répondait qu’imparfaitement à son dessein, ait été employée telle quelle, cela démontre que la nécessité de s’en servir est survenue dans des circonstances où il n’y avait plus moyen de ravoir le mouchoir, — c’est-à-dire, comme nous l’avons supposé, après avoir quitté le bosquet (si toutefois c’était le bosquet), et sur le chemin entre le bosquet et la rivière.

» Mais, direz-vous, la déposition de madame Deluc désigne spécialement une troupe de drôles, dans le voisinage du bosquet, à l’heure ou vers l’heure du meurtre. Je l’accorde. Je croirais même qu’il y avait bien une douzaine de ces troupes, telle que celle décrite par madame Deluc, à l’heure ou vers l’heure de cette tragédie. Mais la troupe qui a attiré sur elle l’animadversion marquée de madame Deluc, encore que la déposition de celle-ci ait été passablement tardive et soit très-suspecte, est la seule troupe désignée par cette honnête et scrupuleuse vieille dame comme ayant mangé ses gâteaux et avalé son eau-de-vie sans se donner la peine de payer. Et hinc illæ iræ ?

» Mais quels sont les termes précis de la déposition de madame Deluc ? « Une bande de mécréants parut, qui firent un tapage affreux, burent et mangèrent sans payer, suivirent la même route que le jeune homme et la jeune fille, revinrent à l’auberge à la brune, puis repassèrent la rivière en grande hâte. »