Page:Poe - Histoires extraordinaires (1869).djvu/527

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

influence à l’époque du meurtre. Le premier mouvement d’un homme innocent eût été d’annoncer l’attentat et d’aider à retrouver les malfaiteurs. L’intérêt bien entendu conseillait cela. Il a été vu avec la jeune fille ; il a traversé la rivière avec elle dans un bac découvert. La dénonciation des assassins aurait apparu, même à un idiot, comme le plus sûr, comme le seul moyen d’échapper lui-même aux soupçons. Nous ne pouvons pas le supposer, dans cette nuit fatale du dimanche, à la fois innocent et non instruit de l’attentat commis. Cependant, ce ne serait que dans ces circonstances impossibles que nous pourrions comprendre qu’il eût manqué, lui vivant, au devoir de dénoncer les assassins.

» Et quels moyens possédons-nous d’arriver à la vérité ? Nous verrons ces moyens se multiplier et devenir plus distincts à mesure que nous avancerons. Passons au crible cette vieille histoire d’une première fuite. Prenons connaissance de l’histoire entière de cet officier, ainsi que des circonstances actuelles où il est placé et des lieux où il se trouvait à l’époque précise du meurtre. Comparons soigneusement entre elles les diverses communications envoyées au journal du soir, ayant pour but d’incriminer une bande. Ceci fait, comparons ces communications, pour le style et l’écriture, avec celles envoyées au journal du matin, à une époque précédente, et insistant si fortement sur la culpabilité de Mennais. Tout cela fini, comparons encore ces communications avec l’écriture connue de l’officier.