Page:Poe - Histoires extraordinaires (1869).djvu/74

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tendues par les gens qui montaient l’escalier n’étaient pas celles de ces malheureuses femmes, — cela est plus que prouvé par l’évidence. Cela nous débarrasse pleinement de la question de savoir si la vieille dame aurait assassiné sa fille et se serait ensuite suicidée.

» Je ne parle de ce cas que par amour de la méthode ; car la force de madame l’Espanaye eût été absolument insuffisante pour introduire le corps de sa fille dans la cheminée, de la façon où on l’a découvert ; et la nature des blessures trouvées sur sa propre personne exclut entièrement l’idée de suicide. Le meurtre a donc été commis par des tiers, et les voix de ces tiers sont celles qu’on a entendues se quereller.

» Permettez-moi maintenant d’appeler votre attention, — non pas sur les dépositions relatives à ces voix, — mais sur ce qu’il y a de particulier dans ces dépositions. Y avez-vous remarqué quelque chose de particulier ?

— Je remarquai que, pendant que tous les témoins s’accordaient à considérer la grosse voix comme étant celle d’un Français, il y avait un grand désaccord relativement à la voix aiguë, ou, comme l’avait définie un seul individu, à la voix âpre.

— Cela constitue l’évidence, dit Dupin, mais non la particularité de l’évidence. Vous n’avez rien observé de distinctif ; — cependant il y avait quelque chose à observer. Les témoins, remarquez-le bien, sont d’accord sur la grosse voix ; là-dessus, il y a unanimité. Mais relativement à la voix aiguë, il y a une particula-