Page:Poe - Histoires grotesques et sérieuses.djvu/107

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ment, le meurtrier a dû se hâter de retourner vers la ville. Alors, sur quelque quai obscur, il aura sauté à terre. Mais le bateau, l’aura-t-il mis en sûreté ? Il était bien trop pressé pour songer à une pareille niaiserie ! Et même, en l’amarrant au quai, il aurait cru y attacher une preuve contre lui-même ; sa pensée la plus naturelle a dû être de chasser loin de lui, aussi loin que possible, tout ce qui avait quelque rapport avec son crime. Non-seulement il aura fui loin du quai, mais il n’aura pas permis au bateau d’y rester. Assurément, il l’aura lancé à la dérive.

« Poursuivons notre pensée. — Le matin, le misérable est frappé d’une indicible horreur en voyant que son bateau a été ramassé et est retenu dans un lieu où son devoir, peut-être, l’appelle fréquemment. La nuit suivante, sans oser réclamer le gouvernail, il le fait disparaître. Maintenant, est ce bateau sans gouvernail ? Allons à la découverte, que ce soit là une de nos premières recherches. Avec le premier éclaircissement que nous en pourrons avoir commencera l’aurore de notre succès. Ce bateau nous conduira, avec une rapidité qui