Page:Poe - Histoires grotesques et sérieuses.djvu/146

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

précurseur de l’épaule. Or, supposons que l’adversaire pousse une pièce, et que le coup correspondant soit exécuté par Maelzel, selon son habitude, sur l’échiquier de l’Automate ; supposons que l’adversaire surveille attentivement l’Automate jusqu’à ce qu’il découvre ce mouvement précurseur de l’épaule. Aussitôt qu’il a découvert ce mouvement et avant que le bras mécanique commence à se mouvoir, supposons qu’il retire sa pièce, comme s’il s’apercevait d’une erreur dans sa manœuvre ; on verra alors que le mouvement du bras, qui, dans tous les autres cas, succède immédiatement au mouvement de l’épaule, et cette fois retenu, — n’a pas lieu, — quoique Maelzel n’ait pas encore exécuté sur l’échiquier de l’Automate le coup correspondant à la retraite de l’adversaire. Dans ce cas, il est évident que l’Automate allait jouer, — et que, s’il n’a pas joué, ça été un effet simplement produit par la retraite de l’adversaire, et sans aucune intervention de Maelzel.

Ce fait prouve nettement : — primo, que l’intervention de Maelzel, exécutant sur l’échiquier du Turc les coups de l’adversaire, n’est pas indispensable