Page:Poe - Histoires grotesques et sérieuses.djvu/176

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nous discourions des puissants changements qui s’y étaient récemment manifestés.

À la longue, m’ayant un jour parlé, tout en larmes, de la cruelle transformation finale qui attend la pauvre Humanité, elle ne rêva plus dès lors qu’à ce sujet douloureux, le mêlant à tous nos entretiens, de même que, dans les chansons du barde de Schiraz, les mêmes images se présentent opiniâtrement dans chaque variation importante de la phrase.

Elle avait vu que le doigt de la Mort était sur son sein, et que, comme l’éphémère, elle n’avait été parfaitement mûrie en beauté que pour mourir ; mais pour elle les terreurs du tombeau étaient toutes contenues dans une pensée unique, qu’elle me révéla un soir, au crépuscule, sur les bords de la Rivière du Silence. Elle s’affligeait de penser qu’après l’avoir enterrée dans la Vallée du Gazon-Diapré, je quitterais pour toujours ces heureuses retraites, et que je transporterais mon amour, qui maintenant était si passionnément tout à elle, vers quelque fille du monde extérieur et vulgaire. Et, de temps à autre, je me jetais précipitamment aux pieds d’Éléonora, et je lui offrais de faire serment, à elle et au Ciel, que je ne