Page:Poe - Histoires grotesques et sérieuses.djvu/229

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beaucoup par une infinie variété de bruits, qui avaient la prétention d’être de la musique, et qui, à ce qu’il paraissait, causaient un vif plaisir à tous les assistants, — moi excepté, bien entendu.

En somme, je ne pouvais m’empêcher de penser qu’il y avait passablement de bizarrerie dans tout ce que je voyais ; mais, après tout, le monde est fait de toutes sortes de gens, qui ont des manières de penser fort diverses et une foule d’usages tout à fait conventionnels. Et puis, j’avais trop voyagé pour n’être pas un parfait adepte du nil admirari ; aussi je pris très-tranquillement place à la droite de mon amphitryon, et, doué d’un excellent appétit, je fis honneur à toute cette bonne chère.

La conversation, cependant, était animée et générale. Les dames, selon leur habitude, parlaient beaucoup. Je vis bientôt que la société était composée, presque entièrement, de gens bien élevés, et mon hôte était, à lui seul, un trésor de joyeuses anecdotes. Il semblait assez volontiers disposé à parler de sa position de directeur d’une maison de santé ; et, à ma grande surprise, la folie elle-même devint le thème de causerie favori de tous les convives.