Page:Poe - Histoires grotesques et sérieuses.djvu/247

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laisser se promener librement et sans surveillants. Un fou peut être adouci, comme on dit, pour un temps, mais à la fin il est toujours capable de turbulence. De plus, sa ruse est proverbiale et vraiment très-grande. S’il a un projet en vue, il sait le cacher avec une merveilleuse hypocrisie ; et l’adresse avec laquelle il contrefait la sanité offre à l’étude du philosophe un des plus singuliers problèmes psychiques. Quand un fou paraît tout à fait raisonnable, il est grandement temps, croyez-moi, de lui mettre la camisole.

— Mais le danger, mon cher monsieur, le danger dont vous parliez ? D’après votre propre expérience, depuis que cette maison est sous votre contrôle, avez-vous eu une raison matérielle, positive, de considérer la liberté comme périlleuse, dans un cas de folie ?

— Ici ? — D’après ma propre expérience ? — Certes, je peux répondre : oui ! Par exemple, il n’y a pas très-longtemps de cela, une singulière circonstance s’est présentée dans cette maison même. Le système de douceur, vous le savez, était alors en usage, et les malades étaient en liberté. Ils se comportaient