Page:Poe - Histoires grotesques et sérieuses.djvu/289

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ruisseau, toujours accompagné par le mur, se courbe de plus en plus vers la gauche et l’un et l’autre sont bientôt engloutis dans le feuillage.

Le bateau, néanmoins, glisse magiquement dans le canal sinueux ; et, là, la rive opposée au mur se trouve être semblable à celle qui faisait face au mur dans l’avenue en ligne droite déjà parcourue. Des collines élevées, prenant quelquefois des proportions de montagnes, et couvertes d’une végétation sauvage et luxuriante, ferment toujours le paysage.

Le voyageur, naviguant doucement mais avec une vélocité légèrement croissante, trouve, après maints brusques détours, sa route en apparence barrée par une gigantesque barrière ou plutôt une porte d’or bruni, curieusement ouvragée et sculptée, et réfléchissant les rayons directs du soleil qui maintenant s’abaisse rapidement et couronne de ses dernières flammes toute la forêt environnante. Cette porte est insérée dans le grand mur, qui semble ici traverser la rivière à angle droit. Mais, au bout de quelques instants, on s’aperçoit que le cours d’eau principal fuit toujours vers la gauche en suivant une longue courbe très-douce, encore accompagné du