Page:Poe - Histoires grotesques et sérieuses.djvu/328

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En matière de verre, nous partons généralement de faux principes. Le caractère principal du verre, c’est l’éclat, — et quel monde de choses détestables ce seul mot suffit à exprimer ! Les lumières trémoussantes, inquiètes, peuvent être quelquefois agréables (elles le sont toujours pour les enfants et les idiots) ; mais, dans la décoration d’une chambre, elles doivent être scrupuleusement évitées. Je dirai plus : les lumières constantes, si elles sont trop énergiques, sont elles-mêmes inadmissibles. Ces énormes et insensés lustres de verre taillés à facettes, éclairés au gaz, et sans abat-jour, qui sont suspendus dans nos salons les plus à la mode, peuvent être cités comme la quintessence du faux goût et le superlatif de la folie.

La passion de l’éclat — cette idée s’étant confondue, comme nous l’avons déjà observé, avec celle de magnificence générale, — nous a conduits aussi à l’emploi exagéré des miroirs. Nous recouvrons les murs de nos appartements de grandes glaces anglaises, et nous nous imaginons avoir fait là quelque chose de fort beau. Or, la plus légère réflexion suffirait pour convaincre quiconque à un œil du détestable