Page:Poe - Histoires grotesques et sérieuses.djvu/358

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sible de ne pas tomber sur le mot nevermore, — jamais plus. En réalité, il fut le premier qui se présenta à mon esprit.

Le desideratum suivant fut : Quel sera le prétexte pour l’usage continu du mot unique jamais plus ? Observant la difficulté que j’éprouvais à trouver une raison plausible et suffisante pour cette répétition continue, je ne manquai pas d’apercevoir que cette difficulté surgissait uniquement de l’idée préconçue que ce mot, si opiniâtrement et monotonement répété, devait être proféré par un être humain ; qu’en somme la difficulté consistait à concilier cette monotonie avec l’exercice de la raison dans la créature chargée de répéter le mot. Alors se dressa tout de suite l’idée d’une créature non raisonnable et cependant douée de parole, et très-naturellement un perroquet se présenta d’abord ; mais il fut immédiatement dépossédé par un corbeau, celui-ci étant également doué de parole et infiniment plus en accord avec le ton voulu.

J’étais donc enfin arrivé à la conception d’un corbeau, — le corbeau, oiseau de mauvais augure ! — répétant opiniâtrement le mot Jamais plus à la fin