Page:Poe - Histoires grotesques et sérieuses.djvu/360

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ner un corbeau se servant du mot dont il s’agit pour répondre aux questions de l’amant. Et ce fut alors que je vis tout de suite toute la facilité qui m’était offerte pour l’effet auquel mon poëme était suspendu, c’est-à-dire l’effet à produire par la variété dans l’application du refrain. Je vis que je pouvais faire prononcer la première question par l’amant, — la première à laquelle le corbeau devait répondre : Jamais plus, — que je pouvais faire de la première question une espèce de lieu commun, — de la seconde quelque chose de moins commun, — de la troisième quelque chose de moins commun encore, et ainsi de suite, jusqu’à ce que l’amant, à la longue tiré de sa nonchalance par le caractère mélancolique du mot, par sa fréquente répétition, et par le souvenir de la réputation sinistre de l’oiseau qui le prononce, se trouvât agité par une excitation superstitieuse et lançât follement des questions d’un caractère tout différent, des questions passionnément intéressantes pour son cœur ; — questions, faites moitié dans un sentiment de superstition, et moitié dans ce désespoir singulier qui puise une volupté dans sa torture ; — non pas