Page:Poe - Histoires grotesques et sérieuses.djvu/368

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Ayant ainsi préparé l’effet du dénoûment, j’abandonne immédiatement le ton fantastique pour celui du sérieux le plus profond : ce changement de ton commence avec le premier vers de la stance qui suit la dernière citée :


« Mais le corbeau, perché solitairement sur le buste placide, ne proféra, etc. »


À partir de cet instant, l’amant ne plaisante plus ; il ne voit même plus rien de fantastique dans la conduite de l’oiseau. Il parle de lui comme d’un triste, disgracieux, sinistre, maigre et augural oiseau des anciens jours, et il sent les yeux ardents qui le brûlent jusqu’au fond du cœur. Cette évolution de pensée, cette imagination dans l’amant, a pour but d’en préparer une analogue dans le lecteur, d’amener l’esprit dans une situation favorable pour le dénoûment, qui maintenant va venir aussi rapidement et aussi directement que possible.

Avec le dénoûment proprement dit, exprimé par le Jamais plus du corbeau, réponse lancée à la question finale de l’amant, — s’il retrouvera sa maîtresse dans un autre monde ? — le poëme, dans sa phase