Page:Poe - Histoires grotesques et sérieuses.djvu/93

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Examinons. C’est un individu qui a commis le meurtre. Le voilà seul avec le spectre de la défunte. Il est épouvanté par ce qui gît immobile devant lui. La fureur de sa passion a disparu, et il y a maintenant dans son cœur une large place pour l’horreur naturelle de la chose faite. Son cœur n’a rien de cette assurance qu’inspire inévitablement la présence de plusieurs. Il est seul avec la morte. Il tremble, il est effaré. Cependant il y a nécessité de mettre ce cadavre quelque part. Il le porte à la rivière, mais il laisse derrière lui les autres traces du crime ; car il lui est difficile, pour ne pas dire impossible, d’emporter tout cela en une seule fois, et il lui sera loisible de revenir pour reprendre ce qu’il a laissé. Mais, dans son laborieux voyage vers la rivière, les craintes redoublent en lui. Les bruits de la vie environnent son chemin. Une douzaine de fois il entend ou croit entendre le pas d’un espion. Les lumières mêmes de la ville l’effrayent. À la fin cependant, après de longues et fréquentes pauses pleines d’une profonde angoisse, il atteint les bords de la rivière, et se débarrasse de son sinistre fardeau, au moyen d’un bateau peut-être. Mais, maintenant,