Page:Poe - Les Poèmes d’Edgar Poe, trad. Mallarmé, 1888.djvu/35

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Mais le Corbeau, perché solitairement sur ce buste placide, parla ce seul mot comme si, son âme, en ce seul moment, il la répandait. Je ne proférai donc rien de plus : il n’agita donc pas de plume —jusqu’à ce que je fis à peine davantage que marmotter " D’autres amis déjà ont pris leur vol — demain il me laissera comme mes Espérances déjà ont pris leur vol. " Alors l’oiseau dit : « Jamais plus. »

Tressaillant au calme rompu par une réplique si bien parlée : " Sans doute, dis-je, ce qu’il profère est tout son fonds et son bagage, pris à quelque malheureux maître que l’impitoyable Désastre suivit de près et de très-près suivit jusqu’à ce que ses chants comportassent un unique refrain ; jusqu’à ce que les chansons funèbres de son Espérance comportassent le mélancolique refrain de « Jamais — jamais plus. »

Le Corbeau induisant toute ma triste âme encore au sourire, je roulai soudain un siége à coussins en face de l’oiseau et du buste et de la porte ; et m’enfonçant