Page:Poe - Les Poèmes d’Edgar Poe, trad. Mallarmé, 1888.djvu/56

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Ce drame bigarré — oh ! pour sûr, on ne l’oubliera ! avec son Fantôme à jamais pourchassé par une foule qui ne le saisit pas, à travers un cercle qui revient toujours à une seule et même place ; et beaucoup de Folie et plus de Péché et d’Horreur font l’âme de l’intrigue.

Eteintes ! — éteintes sont les lumières — toutes éteintes ! et, par-dessus chaque forme frissonnante, le rideau, mortuaire drap, descend avec un fracas de tempête, et les anges, pallides tous et blêmes, se levant se dévoilant, affirment que la pièce est la tragédie l’Homme et sôn héros le Ver Vainqueur.

Mais voyez, parmi la cohue des mimes, faire intrusion une forme rampante ! Quelque chose de rouge sang qui sort en se tordant, de la solitude scénique ! se tordant — se tordant : avec de mortelles angoisses les mimes deviennent sa proie et les séraphins sanglotent de ces dents d’un ver imbues de la pourpre humaine.