Page:Poe - Les Poèmes d’Edgar Poe, trad. Mallarmé, 1889.djvu/147

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Mais cet ange a foulé le firmament, où de profondes pensées sont un devoir, — où l’Amour est un dieu dans sa force, — où les œillades des houris possèdent toute la beauté que l’on adore dans une étoile.

Voilà pourquoi tu n’as pas tort, Israfeli, que ne satisfait pas un chant impossible ; à toi appartiennent les lauriers, ô Barde le meilleur, étant le plus sage ! Vis joyeusement et longtemps ! et longtemps !

Les célestes extases d’en haut, certes, vont bien à tes brûlantes mesures ; ta peine, ta joie, ta haine, ton amour, à la ferveur de ton luth ; — les étoiles peuvent être muettes.

Oui, le ciel est à toi, mais chez nous est un monde de douceurs et d’amertumes ; nos fleurs sont simplement — des fleurs ; et l’ombre de ta félicité parfaite est le sommeil de la nôtre.

Si je pouvais habiter où Israfel habite et que lui me fût, il se pourrait qu’il ne chantât pas si étrangement bien une mélodie mortelle ; tandis qu’une note plus forte que celle-ci peut-être roulerait de ma lyre dans le Ciel.