Page:Poe - Les Poèmes d’Edgar Poe, trad. Mallarmé, 1889.djvu/197

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SCOLIES

une mémoire sacrée contre tous les mensonges qui longtemps l’accablèrent de leur nombre triomphal.

Mrs. Whitman a surtout protesté, dans la presse, ses lettres et de toute la force de la parole, contre un épouvantable fait divers mis en circulation par le criminel abject, dépositaire de l’honneur de Poe : cet obscur Griswold qui trouva dans l’emploi de la calomnie et de l’injure une immortalité de près d’un quart de siècle.

Je laisse, hésitant que cette histoire soit racontée en des mots nouveaux, même pour un démenti, la parole à Baudelaire ; et cite plusieurs phrases qu’il lui plairait, maintenant que le jour éclate, de raturer dans sa pieuse préface. « On raconte d’ailleurs qu’un jour, au moment de se remarier (les bans étaient publiés, et, comme on le félicitait sur une union qui mettait dans ses mains les plus hautes conditions de bonheur et de bien-être, il avait dit : — Il est possible que vous ayez vu des bans, mais notez bien ceci : je ne me marierai pas), il alla, épouvantablement ivre, scandaliser le voisinage de celle qui devait être sa femme, ayant ainsi recours à son vice pour se débarrasser d’un parjure envers la pauvre morte dont l’image vivait toujours en lui » — sa femme, Virginia — « et qu’il avait admirablement chantée dans son Annabel Lee ». Non !

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