Page:Poe - Nouvelles Histoires extraordinaires.djvu/362

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
308
Nouvelles histoires extraordinaires.

XV

Pendant l’exhibition, il y a six bougies sur la table de l’Automate. Une question se présente naturellement : « Pourquoi employer tant de bougies, quand une seule ou deux, tout au plus, éclaireraient bien suffisamment l’échiquier pour les spectateurs, dans une salle, d’ailleurs, aussi bien illuminée que l’est toujours la salle de l’exhibition ; — puisque, de plus, si nous supposons que Y Automate est une pure machine, il n’y a aucune nécessité de déployer tant de lumière, et mêmequ’il n’en est pas besoin du tout pour lui permettre d’accomplir ses opérations ; — puisque, surtout, il n’y a qu’une seule bougie sur la table de l’adversaire ? » La réponse qui, la première, se présente à l’esprit, est qu’il faut une lumière aussi intense pour fournir à l’homme le moyen d’y voir à travers la matière transparente, probablement de la gaze ou de la mousseline très fine, dont est faite la poitrine du Turc. Mais, quand nous examinons Y arrangement des bougies, une autre raison s’offre immédiatement. Il y a, disons-nous, six bougies en tout. Il y en a trois de chaque côté de la figure. Les plus éloignées du spectateur sont les plus longues ; — celles du milieu sont de deux pouces plus courtes, — et les plus rapprochées du public sont encore plus courtes de deux pouces environ ; — enfin les bougies placées d’un côté diffèrent en hauteur des bougies placées à l’opposite dans une proportion de plus de deux pouces, — c’est-à-dire que la plus longue bougie d’un des côtés est environ de trois pouces plus courte que la plus longue placée de l’autre côté, et ainsi de suite. On voit qu’ainsi n’y a pas deux bougies de la même hauteur, et que la difficulté de vérifier la matière dont est faite Ja poitrine de Y Automate se trouve con-