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Page:Poilay - Souvenirs d'un engagé volontaire, 1907.pdf/184

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cés, et prononcés dans le même sens que nous leur donnions ? Puis, cette reddition, en admettant qu’elle prît corps, allait-elle être un fait immédiat ? Ce projet, qui nous bouleversait, pouvait au moins être modifié, reculé, abandonné peut-être ? Sur un propos en l’air, si nous nous lancions dans une telle aventure, n’allions-nous pas nous trouver en face de « l’irréparable » ? — Déserteur !… Il est effrayant, ce mot ! L’idée qu’un jour on pourrait me l’appliquer me fit rentrer en moi-même et je raisonnai ensuite mes camarades, tout prêts, comme je l’avais été moi-même, à faire ce saut dans l’absurde.

Depuis, jamais rien ne vint confirmer les craintes que nous avait fait concevoir ce refus d’un fusil par le colonel Denfert. Malgré toute la confiance que m’inspirait le sergent Pichon, je persiste donc à croire qu’il n’a pas compris, qu’il a mal saisi une réponse qui devait avoir un tout autre sens.