Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 6, 1930.djvu/189

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et longue lettre autographe du roi d’Espagne. Tout en me remerciant de ce que je lui ai écrit, Alphonse XIII ajoute : « Il doit y avoir un défaut originel dans le régime marocain, qui annule en partie nos efforts. Je crois que nos deux gouvernements devraient l’étudier dans l’esprit fraternel digne des deux peuples que nous dirigeons, afin que le Maroc, ainsi que vous le dites, d’accord entièrement avec mes sentiments, soit toujours l’expression et le symbole de cette amitié et de ces rapports très cordiaux. Je ne prolonge pas ces lignes, ne voulant pas vous fatiguer, mais Quinonès de Léon, en vous les remettant, ainsi qu’en toute occasion pourra vous compléter mes idées et sentiments… » Nul mieux que moi ne connaît la sincérité des sentiments du roi envers la France. Je ne peux donc fermer l’oreille à son appel. Mais que désire-t-il au juste ? Je le demande à M. Quinonès de Léon. Il me dit, avec beaucoup de réserve, que l’Espagne souhaiterait un changement dans le régime de Tanger. Il ne précise pas davantage. Je réponds qu’après la victoire nous chercherons de grand cœur le moyen de resserrer nos relations avec l’Espagne et que je ferai part au gouvernement de la République de la démarche royale. Mais je ne me crois pas autorisé à aller plus loin. Il y a, en effet, à Tanger, une colonie française qui proteste vivement, d’avance, contre toute cession à l’Espagne de la ville et du port.

Vendredi 30 avril.

Quelques députés français, MM. Franklin-Bouillon, Leygues, Albin Rozet, de Chambrun, accompagnent à l’Élysée une délégation assez nombreuse des représentants de l’Irlande à la Chambre des communes. M. T. P. 0’Connor, qui la conduit et