CHAPITRE VI
Il y avait, sans doute, une politique possible : pour rassurer l’Allemagne, nous isoler de nos amis et de nos alliés ; subir, à l’occasion, de nouvelles menaces ; ne répondre à la force que par des gémissements ou des bassesses et compter sur le droit tout nu pour nous venger des mauvais traitements. Mais cette politique, que personne, d’ailleurs, n’osait recommander en 1912, nous aurait rapidement mis à la merci de l’empire des Hohenzollern. Elle n’eût pas été seulement une lâche répudiation des tenaces efforts qu’avait accomplis la France depuis 1871, une renonciation publique à toute réparation ultérieure d’une injustice historique ; elle eût entraîné la subordination définitive de la France, son asservissement économique et moral, sa décadence inévitable. Le gouvernement fut unanime à penser qu’au lieu de relâcher nos ententes, nous devions, sans en altérer le caractère strictement défensif, nous employer à les consolider. C’est en ce sens que je m’étais expliqué devant les Chambres. Pas une voix ne s’était élevée pour me contredire. Notre action,