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CHAPITRE X


L’Alliance russe. — Ses débuts et sa maturité. — Ses avantages et ses difficultés. — M. Kokovtzoff. — M. Isvolsky. — Malentendus provoqués en 1911 par l’ambassadeur de Russie. — Sa correspondance de 1912. — Légende et réalité.


La politique extérieure que j’avais, à plusieurs reprises, définie devant les Chambres et qui y avait été constamment approuvée, reposait, suivant la formule dont s’étaient, avant moi, servis tous les gouvernements, sur le maintien « de nos alliances et de nos amitiés ». Plus exactement, nous aurions dû parler de notre alliance et de nos amitiés. Nous n’avions qu’une alliée, la Russie, et nos accords avec elle avaient précédé de plusieurs années nos arrangements avec l’Italie et avec l’Angleterre.

J’étais nouveau venu au Parlement et je n’avais encore fait partie d’aucun gouvernement, lorsque l’empereur Alexandre III s’était rapproché de la France. La Triple-Alliance avait été instituée à une époque où l’Allemagne ne pouvait prétendre qu’elle était menacée d’encerclement. La France vaincue était isolée et ne devait, en cas d’agression, compter que sur elle-même. Renouvelée et confirmée le 20 février 1887, la Triple-Alliance se dressait, au milieu du continent européen, mystérieuse et redoutable. Personne en France