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LA COMMISSION DU SÉNAT

je, que notre devoir le plus impérieux était de grouper, en un même sentiment national, toutes les fractions du parti républicain. Pour réaliser cette union, nous n’avons eu qu’à suivre l’exemple du pays, qui, toujours indifférent aux questions de personnes, sait, aux heures difficiles, s’élever sans peine à la claire compréhension de l’intérêt public. Assurer le plus rapidement possible la ratification définitive d’un traité qui a été négocié au nom de la France, qui a été voté par la Chambre, et dont la commission sénatoriale est certainement disposée à achever l’étude avec la conscience et l’impartialité dont elle a fait preuve dès le début de ses travaux, voilà la première tâche qui s’impose au gouvernement. Ce traité, bientôt complété, nous n’en doutons pas, par une entente loyale avec l’Espagne, nous permettra d’organiser au Maroc un protectorat qui est l’aboutissement naturel de notre politique africaine. Il nous permettra également de maintenir entre une grande nation voisine et la France, dans un esprit sincèrement pacifique, des relations de courtoisie et de franchise, inspirées par le respect mutuel de leurs intérêts et de leur dignité. Autant que jamais, nous entendons rester fidèles à nos alliances et à nos amitiés. Nous nous efforcerons de les cultiver avec cette persévérance et cette continuité qui sont, dans l’action diplomatique, le meilleur gage de droiture et de probité. » Et après avoir traité les diverses questions que j’ai indiquées plus haut, je terminais par ces mots : « Si profondément pacifique que soit notre pays, il n’est pas maître de toutes les éventualités et il entend rester à la hauteur de tous ses devoirs. L’armée et la marine seront l’objet de notre sollicitude active. Comme vous,