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LA VICTOIRE

commencé par offrir sa démission et celle d’Anthoine. Clemenceau a fait appel à son patriotisme et Pétain n’a pas insisté. Clemenceau l’a prié seulement de réfléchir à l’utilité de remplacer Anthoine en créant au besoin pour lui un nouveau groupe d’armées. Pétain a répliqué qu’il y avait coup monté par Barescut contre Anthoine, qu’il avait surpris une conversation téléphonique. Clemenceau me paraît en définitive hésitant et embarrassé. Il me dit que d’après des renseignements qu’il va contrôler, Sarrail aurait récemment déclaré : « Il est temps qu’on fasse appel à moi et que je délivre Caillaux. »

Antonesco, ministre de Roumanie, qui a donné sa démission pour ne pas servir Marghiloman et qui va partir pour la Roumanie avec l’intention de le combattre, me fait ses adieux et me dit qu’il compte bien que les Alliés ne ratifieront pas la paix humiliante et ruineuse imposée à son pays par les Allemands.


Dimanche 14 avril.

À trois heures et demie, Mandel, l’homme de confiance de Clemenceau, téléphone à Sainsère que le président du Conseil vient de recevoir de Lloyd George un télégramme et que le gouvernement britannique accepte le général Foch comme général en chef des troupes alliées.

Ignace vient me voir à la fin de la journée. Les déclarations de Bolo ont été contredites par M. Caillaux qui affirme n’avoir jamais vu le Khédive. Bolo, dans un nouvel interrogatoire, a déclaré que Caillaux lui avait confié qu’il me ferait fusiller ou m’exilerait en me donnant le loisir d’écrire mes Mémoires comme Émile Ollivier. Bolo sera confronté demain avec Caillaux, qui vraisemblablement le contredira.

Bouchardon a écrit à Mornet que dans ces con-