Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 10, 1933.djvu/131

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
124
LA VICTOIRE

Belges pour tâcher d’obtenir que Foch exerce son autorité sur l’armée belge. D’après certaines indications, la Belgique aurait le désir d’être représentée au Comité de Versailles. Puisque je vais voir le roi, je voudrais connaître l’avis de Clemenceau sur cette demande éventuelle. J’écris sur ce point à Clemenceau pour savoir si je puis faire espérer à la Belgique une réponse favorable. « Vous vous rappelez, lui dis-je, qu’on avait passé la Belgique sous silence à cause du Portugal. Mais la défection des troupes portugaises dans le Nord et la situation particulière de la Belgique semblent autoriser une solution distincte au profit de cette dernière. »

Conseil des ministres à dix heures du matin. Affaires courantes. Clemenceau ne dit pas un mot de ses entretiens avec Foch et Milner, ni même de la situation militaire. Il se borne à annoncer une bonne nouvelle : l’arrivée à Vladivostock d’un corps magnifique de 45 000 Tchèques, tout prêts à se battre, et il exprime l’espoir qu’on trouvera le tonnage nécessaire pour les transporter. Espoir qui malheureusement risque fort d’être déçu. Pichon donne de vagues renseignements sur la situation diplomatique et indique les résistances croissantes de Wilson à l’intervention japonaise. Il propose de renouveler à Tardieu la mission semestrielle qui lui a été conférée en Amérique. Clemenceau saisit l’occasion pour médire de Tardieu qui, dit-il, cherche à se couvrir par des télégrammes portant sur toutes les questions et exalte son action personnelle aux dépens de tous les ministres. Loucheur, qui m’avait fait hier un vif éloge de Tardieu, ne le défend pas et se tait.

Klotz propose la création d’un nouveau bon à un mois pour améliorer la situation de la trésorerie.

G. Leygues rend compte d’un voyage qu’il a