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LA VICTOIRE

gouvernement français. — C’est ce que je comptais faire. Je télégraphierai en rentrant au ministère. »

Pichon me raconte comment les choses se sont passées hier aux commissions réunies de la Chambre : affaires extérieures, armée, marine. Clemenceau a obtenu un grand succès personnel ; il a été applaudi par les neuf dixièmes des membres présents, qui étaient très nombreux. Les commissions se sont cependant querellées assez longtemps. Barthou a, paraît-il, soutenu le cabinet assez chaleureusement.

Clemenceau arrive à son tour et retient Pichon qui se levait discrètement, mais qui reste.

Clemenceau répéte ce que m’avait dit Pichon : « Je viens vous apporter mes excuses », et il renouvelle les explications de Pichon sur l’affaire Bertie. Je renouvelle, de mon côté, ma réponse. Clemenceau et Pichon ont fait tout leur devoir.

Je raconte au président du Conseil ma conversation avec la reine Élisabeth. Il me dit que le prince Sixte de Bourbon-Parme a fait savoir que, ne pouvant juger la situation de loin, il allait revenir en France par les voies les plus rapides[1]. J’indique que, d’après la reine, il est difficile de demander au prince une attestation et que son silence y équivaut. Clemenceau ajoute : « J’ai un conseil à vous demander. Vous savez que le roi des Belges m’avait fait inviter par Klobukowski à aller le voir. Croyez-vous ma visite opportune ? — À parler franc, lui dis-je, je crois qu’il vaudrait mieux que vous eussiez d’abord causé avec le prince Sixte. Attendez quelques jours. Tout finira, sans doute, par s’amortir. En ce moment, il y aurait peut-être un peu de gêne, car il y a une

  1. V. L’offre de paix séparée de l’Autriche, par le prince Sixte de Bourbon. (Librairie Plon, édit.)