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LE CARDINAL AMETTE À L’ÉLYSÉE

le Comité de guerre, m’envoie le général Alby chargé de recueillir l’opinion des membres du Comité sur l’allocation d’une subvention de 4 millions à partager entre l’Angleterre et nous pour défrayer en Sibérie le détachement russe de Sémenoff, qui nous reste fidèle sur le Transsibérien. Bien entendu, je donne mon adhésion.

M. Dejean, trésorier général du Cantal, nommé dans la Meuse, paraît assez inquiet d’emmener ses enfants dans des villes constamment bombardées.

Lamy, Henry de Régnier, René Doumic, m’apportent les discours de Capus, de La Gorce et de Bergson, trois académiciens nouvellement reçus sous la coupole. Bergson me fait part, en même temps, des dernières élections. Tous sont en costume vert et paraissent très gênés par la chaleur. Nous causons surtout de la guerre, du voyage de Bergson en Amérique, du Japon, etc.

Le général Lohvitsky, chargé de l’inspection de ce qui reste de troupes russes en France, me dit qu’à son avis on trouverait parmi ces officiers et ces hommes quelques éléments assez résolus pour appuyer l’action des Alliés en Russie et notamment l’expédition japonaise, si elle a lieu.


Samedi 18 mai.

Mgr Amette, que Jules Cambon a été chargé par Pichon d’engager à venir me voir, se présente à l’Élysée en tenue écarlate. Je le reçois avec grand plaisir. Pichon assiste à l’entretien. Nous lui communiquons un télégramme de Berne sur les menées pacifistes de Pacelli. Il commence par nous répondre qu’il ne croit pas Pacelli capable d’essayer de nuire à la France ; il le juge, au contraire, francophile. Pacelli a été accusé de venir à Rome pour intriguer contre le gouvernement,