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LA MENACE SUR PARIS

— Pour cela, vous avez raison.

Nous reparlons ensuite de Dubost et de Deschanel. « Ils n’ont rien à faire, dit-il, dans un comité de guerre, mais je ne veux pas leur refuser une conversation chez vous. Soit ! Convoquez-les pour aujourd’hui à la fin de l’après-midi. Mais s’il fallait quitter Paris, je ne les consulterais pas, c’est une question qui ne les regarde point. Qu’est-ce qu’ils ont fait en 1914, ces gens-là, lorsque le gouvernement est parti pour Bordeaux ?

— C’est, dis-je, Dubost qui a suggéré à Viviani le décret de clôture.

— Vous avez eu tort de le prendre.

— C’était un acte de gouvernement.

— Oui, oui, je dis « vous » mais c’est au gouvernement que je songe. Ah ! c’est Dubost qui a suggéré le décret ?

— Oui, il a dit qu’il ne partirait que si la session était close.

— Eh bien ! reprend Clemenceau, et aujourd’hui ? Est-ce que je ne pourrais pas clore la session ?

— Pas encore, mais dans quelques semaines.

— Ah ! c’est parfait. »

Clemenceau ne semble pas s’apercevoir de la contradiction qu’il commet en reprochant à Viviani ce qu’il songe aujourd’hui à faire lui-même.

— « Mais, dis-je, il ne saurait être question maintenant d’abandonner Paris.

— Non, non ; je suis sûr qu’on n’en arrivera pas là. »

Il dit ensuite qu’il ne veut pas, contrairement à l’avis de Deschanel, se présenter devant la commission de l’armée à la Chambre. Il tient à s’expliquer devant l’assemblée elle-même sur les interpellations et il refuse de parler en comité secret.