Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 10, 1933.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
18
LA VICTOIRE

faudra, à un moment donné, une opération de soulagement et de diversion.

Visite de mon vieil ami Signorino, avocat à la Cour.

Pams vient me parler des difficultés qu’il continue à rencontrer dans ses projets de mouvements préfectoraux, surtout à cause des exigences parlementaires et aussi, me confie-t-il, des volontés de Clemenceau ou de son entourage.

« Il m’avait promis pour Aubert, préfet de la Meuse, la première place vacante. Marseille va être libre ; Schrameck devait être nommé gouverneur général de Madagascar. Mais l’entourage de Clemenceau veut Marseille pour un des siens. »

Pams craint que la Chambre ne multiplie les séances orageuses tant que l’affaire Caillaux ne sera pas réglée. Il voit beaucoup les amis de Caillaux — dont Dalbiez — qu’il considère comme un « partisan », dans le sens ancien du mot, et qu’il connaît beaucoup, car ils sont collègues dans les Pyrénées-Orientales. « Ces gens ne désarment pas. J’essaie vainement, répète Pams, de leur ouvrir les yeux. Mais l’affaire Bolo, qui est le centre de tout, finira sans doute par les convaincre. »


Mardi 22 janvier.

Avant le Conseil, Pichon vient s’excuser un peu vaguement de ne pas causer plus souvent avec moi. Il ne prend, en effet, mon avis sur rien, malgré nos excellentes relations personnelles ; il ne confère qu’avec Clemenceau. Je lui avais fait dire samedi matin que j’avais de graves préoccupations sur l’Ukraine. Il me déclare qu’il verra cet après-midi le général Foch et qu’on répondra enfin au général Berthelot. Je lui parle de la Syrie et de la Palestine. Il me promet d’insister auprès des Anglais et des Italiens pour que nos droits