Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 10, 1933.djvu/242

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
235
ENCORE UNE TORPILLE SUR PARIS

entière de sa main, très déférente, très patriotique, mais naturellement négative et invoquant l’impossibilité légale.


Samedi 15 juin.

Aucune nouvelle de Clemenceau.

Leygues m’entretient longuement de la Russie où il trouve que nous restons beaucoup trop inactifs et laissons le champ libre à la propagande allemande. Il se plaint de l’inertie de Pichon. Il se plaint surtout de l’isolement de Clemenceau qui ne tient les ministres au courant de rien.

Marc Réville, député, né en Hollande, qui a été envoyé à La Haye pour y traiter l’affaire de la subvention de la Kolnische Volkszeitung, me dit qu’il croit que les intermédiaires, membres d’une congrégation catholique composée de Hollandais et d’Allemands, sont sincères et que le journal, qui a reçu les premiers fonds convenus, va évoluer dans le sens fixé : indépendance de la Belgique, question d’Alsace-Lorraine posée. Il me rapporte qu’en Hollande la disette est extrême. Il est revenu avec des officiers français échappés d’Allemagne où ils étaient prisonniers ; le colonel Boucabeille, attaché militaire à La Haye, avait organisé un service pour faciliter ces évasions.

M. Outrey, député de Cochinchine, revenu du Japon, de Chine, du Siam, est tout à fait favorable à l’action du Japon en Sibérie. Il craint que nous ne l’encouragions pas par un accord convenablement étudié.


Dimanche 16 juin.

Encore une alerte cette nuit. Une torpille est tombée sur les Grands Magasins Paris-France, 137, boulevard Voltaire, et les a complètement incendiés. Une autre est tombée tout près de là, 99, rue des Boulets, et a détruit un immeuble. Trois