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florentin grand chancelier honoraire

fraîches notre poursuite au nord de la Marne. On examine les ressources, malheureusement faibles, dont on pourrait disposer.


Mardi 30 juillet.

Avant le Conseil, Clemenceau me dit avec vivacité : « Vous avez vu ce qu’ils font encore ?

— Qui ?

— Les Italiens et les Anglais.

— Non.

— On ne vous a pas montré les déchiffrements qui prouvent qu’il y a eu à Londres un Conseil de guerre, avec Nitti, pour obtenir qu’à Versailles on décide, contre l’avis de Foch, l’envoi de divisions américaines en Italie ?

— Je n’ai pas encore eu ces déchiffrements.

— Comment ? Pichon ! Pichon !

Pichon arrive tout penaud. Clemenceau poursuit : « Comment ! Vous n’avez pas encore communiqué les déchiffrements au président ? Ils sont cependant assez graves. Voilà bien votre ministère !» Pichon se fait tout petit et disparaît.

En Conseil, Nail me fait signer un décret nommant le général Florentin grand chancelier honoraire. Pichon lit quelques télégrammes, dont celui qui relate une conversation de Wilson avec Jusserand au sujet des propositions éventuelles de paix. Au moment où Wilson tient un ferme langage, les minorités socialistes, dont le nombre grossit, invoquent la paix de Wilson.

Pichon communique au Conseil un projet de convention avec l’Angleterre au sujet du Hedjaz et de l’Arabie. Nous reconnaîtrions les intérêts politiques de l’Angleterre en Arabie et nous renoncerions à Mascate, à la condition que l’Angleterre considère comme nuls l’acte d’Algésiras et le traité de novembre 1911. Mais le Conseil trouve le moment peu favorable pour signer des