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LETTRE DU PRÉSIDENT WILSON

s’écrie-t-il, la situation de l’armée roumaine n’a été meilleure. Ils sont sûrs de ne plus être attaqués par l’Allemagne ; ils sont sûrs d’être bien traités en Ukraine ; ils sont la seule force armée de l’Est. Alors de quoi se plaignent-ils ? Qu’ils nous laissent tranquilles ! »

C’est à ce moment que Pams propose Aubert pour le Conseil d’État et Jonnart, en mission semestrielle, pour l’Algérie. Adopté sans discussion.

Comme corollaire de la nomination de Jonnart, Pams a étudié certains avantages pour les indigènes, et notamment un projet de loi admettant l’accession des indigènes, même non naturalisés, à certains grades dans l’armée ; révision des tarifs de pension ; médaille militaire aux réformés.

Le nouveau ministre du Venezuela me présente ses lettres de créance.


Jeudi 31 janvier.

Clemenceau me dit que Lloyd George, lui parlant du commandement général des armées franco-britanniques, lui a suggéré timidement l’idée que Joffre, assisté de Robertson, pourrait être chargé de ce commandement. Convaincu, dit-il, que Joffre ne serait qu’un prête-nom, Clemenceau a écarté cette idée. Lloyd George n’a pas semblé surpris du refus.

L’après-midi, avec Mme  Poincaré, visite à l’hôpital Saint-Louis où nous voyons beaucoup de femmes blessées, dont plusieurs amputées.

À Saint-Ouen, scène déchirante. Une malheureuse gémit devant le lit où est étendu le cadavre de son mari. La cité ouvrière a été en partie détruite par l’explosion d’une poudrière. La population est triste, mais résignée, ferme et tranquille.

Les premières semaines de 1918 ont été remplies de mauvaises nouvelles qui nous sont arrivées de