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LA VICTOIRE

receviez Foch à l’Académie. Nous allons l’annoncer. »

C’est Lavisse qui était directeur au moment de la mort de Faguet et qui devrait, par conséquent, recevoir Clemenceau. Mais il a déclaré à Lamy qu’il s’effacerait devant moi et il me le confirme de bonne grâce.

J’ai écrit à Clemenceau un mot de félicitations pour son élection à l’Académie, Il me répond : « Puisque vous dites que c’est bien, je ne puis que vous offrir tous mes remerciements en déposant entre vos mains le serment de ne pas abuser de tant d’honneur. »

Le maréchal Pétain vient me remercier avec beaucoup de chaleur. Il me fait un récit très émouvant de son entrée à Metz. Les quartiers neufs ont été un peu frais ; mais la vieille ville a été enthousiaste et le diapason a monté peu à peu. Pétain a été conduit à la cathédrale par le vicaire général et un Te Deum a été chanté au milieu d’une joie indescriptible. Jamais Pétain n’a été, dit-il, plus ému.

Samedi 23 novembre.

Dans la matinée, Pichon vient seul, ô prodige ! m’apporter deux notes préparées sur les préliminaires de paix. Il plaisante amicalement : « Vous m’avez fortement attrapé avant-hier, mais je vous assure que j’ai été tout à fait étranger à ce voyage, c’est Cambon… »

Les journaux annoncent que le roi des Belges entrera à Strasbourg avec les troupes françaises. Je n’ai pas cru un instant qu’il eût cette indiscrétion et Clemenceau me confirme effectivement que la nouvelle est fausse.

Mardi 26 novembre.

Conseil des ministres. Clemenceau lit une lettre