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LA VICTOIRE

est vrai qu’on ne pourra pas le croire sur parole.

À supposer que cet incident, s’il se produit, n’entraîne pas une information nouvelle, il faudra, dit Ignace, près d’un mois pour épuiser les délais de révision et de cassation. Ignace parle ensuite de l’affaire Caillaux avec un optimisme étonnant. Il ne connaît pas encore la déposition Noblemaire qui, d’après les dires de Pellerin de la Touche à Clémentel, peut avoir été indulgente. Il ne sait rien de nouveau de l’affaire Lipcher. Il me confirme seulement les démentis de Briand et de Malvy. Il me remet les copies des pièces de Florence. Je renvoie à Nail celles qu’il m’avait communiquées.

Ignace me raconte avec beaucoup de détails qu’il a découvert les correspondants en France du journal défaitiste de Barcelone, la Vérité. Parmi eux se trouvait un Allemand resté à Saint-Étienne comme marchand de vins sous un nom français. Il vient d’être arrêté. On a saisi une valise contenant divers papiers, notamment un pli à l’adresse de « Fraco » (Madame) Caillaux.

Longues audiences assez vides données dans mon cabinet : Méline, toujours patriote et résolu ; Guillemin, phraseur et précieux ; Perreau, du Temps, André Beaunier, candidat au fauteuil de Ségur ; Cunisset-Carnot, candidat à un fauteuil non encore choisi ; il faut, dit-il, que la magistrature soit représentée.


Mardi 12 février.

Conseil des ministres. Clemenceau raconte avec émotion le voyage qu’il a fait en Alsace occupée par nos troupes ; il a été, dit-il, accueilli aux cris de : « Pas de plébiscite ! »

Pichon expose la situation en Russie, en Roumanie et en Ukraine. Il indique les télégrammes qu’il a envoyés, après m’avoir consulté, en l’absence du président du Conseil.