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LES BOLCHEVIKS SIGNENT LA PAIX

chargé. Il envisage la possibilité d’une mission économique pour aider à la reconstitution de la Russie. Il a vu Langlois et Froissard que lui a envoyés le président du Conseil. Mais, dit-il, les idées de Clemenceau ont évolué.

Lutaud est à peine sorti de mon cabinet qu’un radio allemand m’apporte une nouvelle déception. Les Bolcheviks ont accepté toutes les conditions de l’Allemagne et ont signé la paix.

Ignace m’est envoyé par Clemenceau pour me parler de deux choses. D’abord, Clemenceau et lui trouvent qu’il serait excessif de rayer Monier de la Légion d’honneur. Ils voudraient que je visse à ce sujet le général Florentin. En second lieu, le général Denvignes a mis en cause Georges Leygues à qui, paraît-il, il a communiqué son rapport, comme à Barthou et à René Pinon. Pour clore cette affaire que l’on ne m’explique pas et que je n’arrive point à comprendre, il va falloir réunir un conseil de guerre présidé par Joffre ou par un général commandant en chef. Que de bruit pour presque rien !


Mercredi 20 février.

Visite de Chevrillon, candidat à l’Académie, de Jules Cambon, également candidat. Il y a neuf ans que je faisais les mêmes tournées et je dois avouer que j’avais vraiment la fièvre verte.

Dubost m’affirme que la nomination de Dutasta produit le plus mauvais effet en Suisse. On y répand le bruit que Dutasta est le fils naturel de Clemenceau. Des renseignements analogues m’arrivent par William Martin et par Jules Cambon.


Vendredi 22 février.

À quatre heures et demie, Clemenceau arrive, très surexcité contre Wilson. « Cet homme est