CHAPITRE VIII
Pendant que le gouvernement français, prudemment piloté par son ministre des Affaires étrangères, évoluait ainsi au milieu des récifs, je continuais, pour remplir les obligations de ma charge, à dépenser la plus grande partie de mes journées à des visites d’hôpitaux ou d’expositions diverses, la plus grande partie de mes soirées à des réceptions officielles. Le 1er avril, j’avais eu le grand plaisir d’offrir un déjeuner intime au roi et à la reine des Belges, qui étaient venus passer quelques heures à Paris, en très modeste appareil, avec deux officiers d’ordonnance et une dame d’honneur. Nous les avions reçus, Mme Poincaré et moi, avec M. et Mme Barthou, M. et Mme Pichon, M. Klobukowski, notre ministre à Bruxelles, et Mme Klobukowska. Le roi Albert m’avait paru aussi préoccupé que moi des événements. Il croyait cependant encore qu’à la volonté pacifique de la France, l’empereur d’Allemagne répondait par des dispositions également conciliantes et qu’il résistait aux influences pangermaniques qui s’exerçaient autour de lui.