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CHAPITRE II


Avant le Congrès. — La présidence de la République. — L’incident du Paty de Clam. — Démission de M. Millerand. — Reconstitution du cabinet. — Les scrutins préparatoires. — L’Assemblée nationale. — L’élection. — Visite à M. Fallières.


Longtemps j’avais résisté aux amis qui me pressaient d’accepter la candidature à la présidence de la République, et au premier rang desquels se trouvaient tous mes collègues du ministère, sauf MM. Pams et Delcassé. J’avais espéré que, malgré ses premières réponses, M. Léon Bourgeois céderait à mes instances. Mais, pour me faire juge de ses raisons, il m’avait prié de recevoir son médecin, qui lui déconseillait formellement de s’exposer aux fatigues d’une magistrature où la représentation tient si grande place. Je ne m’inclinai pas sans de vifs regrets devant les objections qui m’étaient présentées. Il était, à mon avis, impossible de choisir meilleur président que M. Léon Bourgeois. Républicain résolu, patriote éprouvé, il avait toutes les qualités d’un arbitre politique, l’impartialité, le libéralisme, l’autorité et la bonne grâce personnelle. Mais il employa toute sa force de séduction à me convaincre que c’était à moi que devait revenir la succession de M. Fallières. Je ne me sentais aucun goût pour un rôle dont je reconnaissais la nécessité