Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/10

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l’Angleterre étaient de beaucoup préférables à notre isolement.

Dans la soirée du 4 janvier, avait lieu la première représentation de Parsifal à l’Opéra. Je reçus dans ma loge, entre la cérémonie de la Cène et le tableau des filles-fleurs, les ambassadeurs d’Italie, d’Autriche et de Russie. M. Isvolsky, toujours prêt à se mettre en avant, manifesta l’intention de nous entretenir sans retard, le Président du Conseil et moi, du projet qui suscitait tant de commentaires prématurés. Je lui donnai audience à mon cabinet pour le lendemain. Il me dit que l’époque la plus agréable à l’Empereur serait, sans doute, le mois d’août. Après avoir causé lui-même avec l’ambassadeur, M. Gaston Doumergue télégraphia le 6 janvier à M. Delcassé pour le prier de pressentir officiellement le gouvernement russe. À raison des travaux parlementaires français et de nos futures élections législatives, il proposait, comme dates possibles, soit la période qui allait du 10 au 20 mai, soit un jour quelconque après le 16 juillet1. M. Delcassé répondit au Président du Conseil que M. Sazonoff, très heureux de la visite annoncée, consulterait l’Empereur à la première occasion, mais que Nicolas II était appelé en Crimée, du mois de mars au mois de mai, par les soins que réclamait la santé du tsarevitch2. Le 20 janvier, notre ambassadeur précisait cette réponse par le télégramme suivant, adressé à M. G. Doumergue : « L’époque qui serait la plus favorable pour l’Empereur à la visite du Président de la République est comprise entre le 7 et le 20 juillet style russe,