Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/12

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le maintien de la paix européenne nous permettait encore de former le projet.

À son tour, notre ministre à Stockholm, M. Thiébaut, avait, dès le 15 janvier, fait parvenir au quai d’Orsay une dépêche qui devait ajouter de nouveaux articles à mon programme4. Il indiquait qu’en Suède on paraissait espérer qu’avant ou après mon voyage a Saint-Pétersbourg, je suivrais l’exemple donné en 1908 par M. Armand Fallières et que je m’arrêterais, au passage, dans les pays Scandinaves. On était préoccupé de savoir si je ferais escale à Copenhague sans pousser jusqu’à Stockholm. M. Thiébaut insistait sur le grand intérêt qu’offrirait, d’après lui, une visite officielle à la Cour de Suède. Sous l’influence de la propagande allemande, le peuple suédois était, disait-il, assez excité contre la Russie. De vastes préparatifs militaires étaient à l’étude, et, en réponse, la Russie prenait en Finlande des précautions que la Suède qualifiait de menaces. Le cabinet de Stockholm était, en outre, convaincu que plusieurs fois le gouvernement impérial avait encouragé dans le royaume des actes d’espionnage. M. Thiébaut jugeait très désirable qu’il fût mis fin à ces malentendus. Il croyait que je serais bien placé pour rapporter de Saint-Pétersbourg à Stockholm un message de paix et d’amitié. Après avoir examiné la question et s’être renseigné à Saint-Pétersbourg, à Copenhague et à Christiania, M. G. Doumergue estima que le mieux était d’étendre mon futur périple aux trois capitales Scandinaves et de prévoir un arrêt dans chacune d’elles, à mon retour de Russie.