Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/150

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son indépendance, ses droits et son honneur. Il lui faut, pour les défendre, une armée composée de gros effectifs et rapidement mobilisable ; il lui faut aussi des troupes instruites, exercées et entraînées. Votre union, messieurs, a toujours été pour cette armée une excellente école préparatoire. » Rien de plus. Mais les trois mille convives et, à leur tête, le vaillant président de la Fédération, M. Cazalet, témoignent, par les applaudissements qui crépitent, qu’ils ont compris mon langage et qu’ils n’entendent pas laisser affaiblir nos ressources défensives. Les représentants des sociétés étrangères, russes, anglaises, belges, suisses, luxembourgeoises, italiennes, ne sont pas les moins ardents à m’approuver.

Après avoir vu, au Champ de Mars, tous ces jeunes athlètes évoluer, dans des exercices variés, devant un public frémissant, je reprends le chemin de la gare, salué par une multitude toujours plus dense et plus passionnée. Je rentre à Paris vers minuit. La plupart des ministres m’attendent sur le quai. M. Doumergue s’est fait excuser par son chef de cabinet, qui m’annonce la venue du Président du Conseil à l’Élysée, pour le lendemain mardi 2 juin, dans la matinée.

La Chambre a nommé son bureau provisoire. Elle a élu M. Deschanel par 401 voix, ce qui n’est pas signe de révolution. Je ne me sentirais pas trop inquiet sur le sort de la législature, si M. Doumergue, en renvoyant au lendemain notre conversation, ne me faisait redouter de nouveau une intention de retraite.

Le mardi, vers dix heures, il vient, en effet, m’annoncer que, dans un conseil de cabinet tenu au quai d’Orsay, quelques minutes auparavant, il