Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/154

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l’Institut physiologique qui porte le nom de ce regretté savant. J’ai beaucoup connu Marey. Je l’ai entendu expliquer en véritable artiste la mécanique de la vie, les lois de la danse antique et de la danse moderne, les mouvements des animaux, progression des poissons, allures du cheval, vol des oiseaux et des insectes. Il ne cherchait jamais à tirer vanité des grands services qu’il avait rendus à la physiologie et à la médecine. On n’aurait pas cru, à l’entendre, qu’il fût l’auteur de tant de recherches intéressantes sur la circulation du sang, sur les mouvements respiratoires, sur les battements du cœur, ni que les deux procédés d’enregistrement des phénomènes physiologiques, chronostylographie et chronophotographie, lui dussent, l’un et l’autre, leurs principales améliorations. C’était un causeur charmant, qui parlait avec esprit de la gymnastique et de l’aviation, ou qui célébrait avec émotion les ailes des pigeons ou des libellules. Le grand apôtre de la paix, mon éminent collègue, M. Charles Richet, m’a prié d’aller inaugurer avec lui la statue de Marey. Je réponds à son appel et, devant les savants français et étrangers qui assistent à la cérémonie, je constate avec joie que dans cet Institut collaborent effectivement des physiologistes de tous pays et que nulle part la science ne poursuit, dans une plus constante harmonie des intelligences, son œuvre de progrès pacifique.

Cet hommage rendu, je rentre à l’Élysée et je reprends mes audiences. M. Peytral, ancien ministre des Finances, qui a été jadis mon collègue dans un cabinet Charles Dupuy, croit à l’urgence d’un large emprunt et tient pour probable le vote définitif de l’impôt général sur le revenu. M. Delcassé pense que M.