Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/162

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que l’ancien ministre des Affaires étrangères est réellement malade, alité avec la grippe et des furoncles au cou. Il est physiquement hors d’état de former un cabinet. M. Clementel, M. Jean Dupuy, M. Peytral, déclinent, tour à tour, l’honneur de la présidence. Je fais revenir M. Doumergue, qui ne voit que trois solutions et qui se déclare prêt à faire connaître publiquement son avis, de nouveau M. Viviani, de nouveau M. Léon Bourgeois, ou bien M. Alexandre Ribot.

Malheureusement trop sûr du refus des deux premiers, je convoque M. Ribot. Il a été mon adversaire opiniâtre à l’élection présidentielle, non seulement dans les scrutins préparatoires, mais à Versailles même, jusqu’au vote final. Il n’importe ; la bataille est terminée et le passé est à mes yeux comme s’il n’avait pas été. M. Ribot est, du reste, un très grand parlementaire, un orateur d’affaires incomparable, constamment prêt sur tous les sujets, un esprit des plus riches et des plus cultivés. Quoique modéré, il est estimé des gauches et il obtiendra facilement le concours de M. Léon Bourgeois, avec lequel il est lié. Il ne transige pas sur les questions de défense nationale. D’autre part, il vient lui-même d’obtenir de la commission sénatoriale des finances qu’elle incorpore dans le budget en préparation le projet d’impôt sur le revenu voté par la Chambre. On ne pourra donc pas, au Palais-Bourbon, lui reprocher de personnifier une politique financière trop conservatrice. Il accepte de « consulter ses amis » et il commence ses démarches avec le désir manifeste d’aboutir promptement.

Pendant que, suivant l’expression familière aux reporters politiques, M. Ribot marche, deux des