Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/19

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représenter notre pays. Ils étaient arrivés à Berlin quelques jours après cette conversation de l’Empereur et du Roi des Belges, dont j’ai parlé dans le volume précédent7. Ils s’étaient réunis plusieurs fois avec M. de Rosenberg, conseiller rapporteur au ministère des Affaires étrangères, M. de Radowitz, conseiller d’ambassade, MM. de Gwinner et Helfferich, directeurs de la Deutsche Bank. M. Sergent avait exposé qu’après le règlement d’intérêts privés intervenu entre des groupes particuliers, l’Allemagne et la France étaient naturellement appelées à se préoccuper de la situation financière de la Turquie, leur débitrice, et des mesures d’ordre général que la paix balkanique pouvait rendre maintenant nécessaires : emprunts de liquidation, création de ressources nouvelles, contributions au service de la dette ottomane des territoires cédés aux États victorieux. Les Allemands avaient immédiatement émis la prétention de rétablir l’entreprise de Bagdad dans tous ses privilèges et bénéfices d’avant-guerre : elle devait conserver à titre de gage les excédents des revenus concédés, avec pleine reconstitution de ces revenus dans l’état antérieur. On avait longuement débattu cette question préliminaire, puis on avait cherché à déterminer les zones d’action respectives des réseaux de Bagdad et de Damas-Hama. M. Helfferich avait revendiqué pour le Bagdad non seulement la ligne Alep-Alexandrette, mais la ligne Alep-Meskéné ; et il avait sèchement ajouté que si les Français n’acceptaient pas cette combinaison, l’Allemagne saurait gêner leur expansion intellectuelle et morale en Syrie, voire même ailleurs.