Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/56

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un tour assez défavorable aux intérêts français. Elles touchent, en effet, à la question du Cabinda. Cette colonie est enclavée dans nos possessions ; si elle devient allemande, nous risquons de voir renaître, en Afrique centrale, certaines des difficultés qu’avait réglées le traité de 1911. Le gouvernement a chargé M. Paul Cambon de faire part de nos inquiétudes à sir Edward Grey. Le secrétaire d’État britannique les a parfaitement comprises. Mais il a révélé à notre ambassadeur que le Cabinda et le Loanda avaient été placés, par la convention germano-anglaise de 1898, dans le lot éventuel de l’Empire d’Allemagne. Sir Ed. Grey a ajouté : « Que voulez-vous ? Ce qui est fait est fait. L’Angleterre ne peut revenir sur les engagements qu’elle a pris. » Dans une longue dépêche, M. Paul Cambon remarque qu’en 1898, cette convention avait été, en réalité, dirigée contre la France. C’était l’année de Fachoda. À cette époque, la Grande-Bretagne se préparait à conquérir le Transvaal et l’Orange. Certains Anglais, et non des moindres, voulaient aller plus loin. Ils convoitaient tout ou partie de notre empire colonial. « Si la guerre de l’Afrique du Sud s’était heureusement et rapidement terminée, je m’attendais, écrit M. Paul Cambon, à voir se poser la question de Madagascar : une guerre entre la France et l’Angleterre était possible et d’aucuns la considéraient comme probable. Le gouvernement allemand connaissait cette situation. Son ambassadeur à Londres, le comte Hatzfeldt, en était parfaitement averti et il avait laissé depuis quelque temps s’engager des conversations sur les questions coloniales entre son conseiller, M. de Eckerstein, et M. J. Chamberlain… On fit marcher