Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/58

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Congo doit faire l’objet d’une conférence entre les États signataires de l’acte de Berlin. Or, le Cabinda et une partie du Loanda sont précisément compris dans le bassin conventionnel. M. Jules Cambon a discrètement interrogé M. de Jagow sur les négociations dont parlent tous les journaux allemands. Le secrétaire d’État a répondu qu’elles étaient strictement confidentielles et n’a rien voulu en dire. M. Jules Cambon a doucement glissé dans la conversation l’article 16, qui, écrit notre ambassadeur à M. Doumergue, a été introduit dans le traité du 4 novembre à la demande même de M. de Kiderlen. M. de Jagow a paru surpris de l’objection. Il ignorait ou feignait d’ignorer que certaines des colonies portugaises dont le partage est projeté dépendissent du bassin du Congo. Une signature qui ne date pas encore de deux ans et demi est-elle donc si vite effacée ?

Je dîne à l’ambassade de Turquie. Rifaat Pacha me reçoit avec un joyeux empressement. Je rencontre chez lui Djavid Bey. Il m’affirme que son pays est prêt à nous donner toutes garanties de ses intentions pacifiques. La Turquie proteste contre la cession des îles à la Grèce, mais elle ne reprendra pas les hostilités. — « Pourquoi votre gouvernement ne fait-il pas une déclaration immédiate et officielle pour rassurer l’Europe ? » — « Il va examiner la question. Mais pourquoi la France tarde-t-elle à autoriser notre emprunt ? » — « M. Doumergue vous l’a dit. Commencez par tranquilliser l’Europe. Quelles garanties de paix nous donnerez-vous ? » — « Après l’emprunt, votre surveillance. Aujourd’hui, notre manque d’argent. » — « On a bien souvent vu des peuples faire la guerre précisément parce qu’ils manquaient d’argent. » — «