Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/68

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parjurons, suivant l’usage, en prêtant le serment que nous n’avons rien promis à personne. Mgr Duchesne, qui aurait, dit-on, voté pour M. Bourgeois, est absent, comme Edmond Rostand, comme M. Aicard. M. Capus obtient, dès le premier tour, la majorité avec seize voix ; M. Bourgeois n’en a que treize. Deux bulletins blancs. Pour le second fauteuil, M. de la Gorce est élu au deuxième tour contre M. Camille Jullian et le vicomte d’Avenel. Troisième scrutin : M. Bergson l’emporte sur M. de Pomairols. À la sortie, je ramène Pierre Loti en automobile jusqu’au Palais d’Orsay, où il habite. Il est inconsolable de l’échec de M. Pomairols, au succès de qui il a travaillé avec l’ardeur qu’il met toujours à défendre la cause de ses amis. Il y a chez ce grand artiste, parfois silencieux et sauvage, de petits coins de tendresse, retirés et délicieux.

À peine suis-je de retour à l’Élysée que M. Albert Lebrun vient m’entretenir de la question des colonies portugaises, dont, comme M. Doumergue, il ne laisse pas d’être fort préoccupé. D’après une note que m’a fait remettre le Président du Conseil, le texte de la convention franco-allemande relative au Maroc et signée le 4 novembre 1911 a, bien entendu, été officiellement notifié au cabinet de Londres ; il l’a même été avant la signature et cela en vertu des accords franco-britanniques du 8 avril 1904. L’Angleterre a donné, en parfaite connaissance de cause, une adhésion explicite. Mais l’autre convention franco-allemande, relative à l’Afrique équatoriale et datée également du 4 novembre 1911, a simplement été communiquée au Foreign Office par courtoisie (Voir télégramme de Londres, n° 751, du