CHAPITRE IV
Le mardi 17 mars, au début de la matinée, M. Doumergue arrive à l’Élysée, le sourire éteint et le front soucieux. Sur la cheminée de mon cabinet, la pendule de Lepaute, le Temps embrassant l’Univers, marque à peine neuf heures. Par discrétion, le Président du Conseil a persisté à refuser la démission de M. Caillaux, mais il s’attend à ce que celui ci la maintienne et il croit à la nécessité de reconstituer le ministère. Il envisage diverses combinaisons entre lesquelles il n’a pas encore arrêté son choix. Il va convoquer ses collègues et les consulter. Il prévoit qu’ils seront d’avis de faire passer M. Renoult de l’Intérieur aux Finances et d’envoyer à la place Beauvau M. Malvy, ministre du Commerce, qui s’est révélé comme un tacticien parlementaire fort avisé. M. Péret, sous-secrétaire d’État à l’Intérieur, succéderait à M. Malvy et tout se trouverait arrangé. Personnellement, je jugerais préférable que M. Bienvenu-Martin, dont je connais l’expérience administrative, reçût le portefeuille de l’Intérieur et que M. Jeanneney ou