Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/103

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qu’ils ont faits pour sauver la paix, et au sang-froid qu’ils ont tous montré depuis la déclaration de guerre. Mais l’optique change si souvent du tout au tout, selon qu’on est ou qu’on n’est pas à la barre ! Ce matin, comme toujours, dans le Conseil que j’ai présidé, une parfaite harmonie a régné entre les ministres. Ceux qui sont les amis personnels de M. Caillaux ne se sont jamais séparés des autres. Ils font tous pleine confiance à M. Viviani, qui est un chef attentif aux petites questions comme aux grandes et qui n’a que le défaut d’une nervosité intermittente. Les affaires extérieures notamment ne sont réglées qu’en plein accord entre M. Doumergue et lui. Elles ne diminuent, d’ailleurs, ni de nombre, ni d’importance.

M. Vandervelde annonce qu’il viendra demain à Paris pour conférer avec le président du Conseil et le ministre des Affaires étrangères46. Ce sera, pour eux trois, une occasion de nouer entre la Belgique et nous des relations d’alliance que jusqu’ici la neutralité nous a naturellement interdit d’établir.

Sir Ed. Grey, de moins en moins favorable aux démarches hâtives et désordonnées que M. Sazonoff veut multiplier dans les Balkans, nourrit, au contraire, le dessein d’une fédération réunissant dans une neutralité commune la Roumanie, la Bulgarie et la Grèce. Il voudrait que M. Venizelos prît l’initiative de ce projet à Bucarest et à Sofia, et il nous demande notre assentiment47. Le cabinet français le lui donne d’autant plus volontiers qu’un télégramme de Bucarest nous prouve,